La date du 30 décembre 2013 demeure inoubliable dans l’histoire politique de la République démocratique du Congo, mais également une date amère pour Joseph Mukungubila et ses adeptes du mouvement politico-religieux « Ministère de la Restauration à partir de l’Afrique Noire » (MIRAN). Attaqué dans sa résidence de Lubumbashi par des militaires « lourdement armés », ce dernier avait par la même occasion vu beaucoup parmi ses fidèles arrêtés. Des actes qualifiés des « massacres » dans son camp, lesquels ont plus tard conduit à son « exil forcé » en Afrique du Sud en janvier 2014.
Prophète de son état et candidat malheureux à la présidentielle de 2006, Joseph Mukungubila était vu sous l’angle d’une personnalité politique et religieuse qui n’avait jamais cessé de s’opposer farouchement au régime de l’ancien Président, Joseph Kabila, notamment sur sa gestion de la question de la guerre d’agression imposée dans l’Est de la RDC, tout en réfutant toute idée de négociation avec le mouvement rebelle du « M23 ». Ces faits sont à lire dans deux lettres ouvertes dont il est l’auteur, lesquelles s’opposaient aussi à « l’infiltration étrangère dans toutes les structures étatiques ».
Du côté du régime de l’époque, Joseph Mukungubila était accusé d’avoir orchestré des mouvements de protestation contre le Gouvernement, ces derniers qui avaient conduit à des centaines de morts à Kinshasa, Lubumbashi et Kolwezi en date du 30 décembre 2013. Ce sont des « mensonges et manipulations », soulignent son camp, dans le seul but « d’étouffer et de tordre la vérité ». Toutefois, cela n’avait pas empêché le pouvoir de condamner beaucoup parmi ses adeptes à des lourdes peines et provoquer l’exil de leur leader.
Dix (10) ans plus tard, précisément dimanche 7 juillet 2024, le prophète Joseph Mukungubila est rentré au pays grâce à une décision de la décrispation politique initiée par l’actuel Président, Félix Tshisekedi, à deux mois de la présidentielle de décembre 2023. Via une ordonnance présidentielle, toutes les condamnations contre sa personne et ses adeptes ont été suspendues. Une décision jugée salvatrice et rationnelle par sa partie, alors qu’en 2017 déjà, sous Joseph Kabila, l’accord de la Saint Sylvestre avait permis de décrisper l’espace politique du pays, notamment avec une vague de libération des prisonniers politiques et des retours des exilés, sauf pour son cas. « Un acte de haine contre lui », comme le soulignent ses troupes, estimant que son combat contre la guerre de l’Est et ses révélations dérangeaient visiblement le clan Kabila.
Voici la quintessence de ces deux lettres ouvertes, à savoir celle du 5 décembre 2013 et du 28 décembre 2013, martelant sur les faits sensibles à la base des hostilités du 30 décembre 2013, jugés par l’opinion comme le carnage de la « Saint Sylvestre » :
1. Le Prophète MUKUNGUBILA était contre l’intégration des M23 dans l’armée Kongolaise.
2. Il était contre la négociation et la signature de l’accord avec le M23 qui était, semble-t-il, vaincu par Mamadou Ndala.
3. Il ne supporte pas de voir les rwandais qu’on avait débarqués dans quelques villes juste après leurs fameuses concertations nationales en septembre 2013 à Kinshasa.
4. Il était contre les négociations de Kampala.
5. Il était contre la façon dont nos députés nationaux étaient bâillonnés, pieds et poings liés, afin de ne rien contrôler par rapport à la politique de l’occupant.
6. Il était contre la déclaration de Mme Mary Robinson au nom du secrétaire général de l’ONU qui disait : « Victoire militaire, certes mais il faut une paix durable pour faire entrer en masse les envahisseurs sur le territoire national ».
7. Il était contre les populations venues en masse du Rwanda pour s’installer sur nos terres dans la partie Est et d’accorder la nationalité rd-congolaise aux nouveaux venus qui étaient des rwandais. Qui est la stratégie en d’autres lieux appelée « colonie de peuplement ».
8. Il était contre l’arrogance de KAGAME qu’il a surnommé le Goliath au corps chétif qui menaçait de frapper de manière chirurgicale notre pays et il déplorait qu’il n’y ait aucune réaction chez nous, ni personne pour lever le petit doigt face à cet affront.
9. Il a demandé qu’on puisse évacuer tous les rwandais vers chez eux. Soit on accepte de devenir « colonie rwandaise », soit on se lève pour les bouter dehors.
10. Il était contre la distraction et l’indifférence du peuple Kongolais face à l’invasion rwandaise, en chantant, en dansant, en buvant et en tenant des concerts musicaux. Surtout contre la fuite des cerveaux en jouant à la loterie DV des USA.
11. Il ne comprenait pas pourquoi il n’y avait pas rupture des relations diplomatiques et la fermeture des frontières entre le Rwanda et la RD-Congo.
12. Il a dénoncé le silence de la Communauté Internationale sur le rapport des Nations-Unies communément appelé RAPPORT MAPPING, qui décrivait les exactions des envahisseurs rwandais sur le sol Kongolais.
13. Il a rappelé à tous qu’il était frère à Laurent Désiré Kabila et qu’ils avaient le même grand-père KABILA MAKOLO, et qu’il ne l’avait pas soutenu dans son aventure de l’AFDL parce qu’il avait choisi d’être véritablement du bon côté de l’histoire, mais il avait quand même pleuré le jour de l’exposition de son corps au palais du peuple.
14. Il a réclamé la libération de KUTINO et d’EDDY KAPEND.
15. Il a demandé aux militaires d’accomplir leur devoir sacré de défendre la souveraineté de notre pays et de ne pas le laisser couler. En rappelant les exploits des officiers par exemple du général MBUNZA MABE qui sont décédés par empoisonnement, une stratégie rwandaise pour éliminer nos vaillants militaires.
16. Il a rappelé à nos militaires qu’ils sont sous le serment de l’Éternel le Dieu de l’étoile qui est tombée à KABALO là où Mfumu Simon KIMBANGU avait prophétisé sur l’avenir du monde entier et sur la véritable libération pour ne pas dire l’indépendance de notre pays, à la gare de CFL de Kabalo. (Janvier 1922)
17. Il s’est attaqué aux traîtres Kongolais qui soutiennent les rwandais en offrant au Goliath au corps chétif Kagame l’occasion de réaliser son rêve de transformer le Rwanda en Singapour.
18. Il s’est plaint de la signature de Nairobi malgré sa mise en garde.
19. Il a rappelé ce qu’il avait dit en tant que candidat président à l’élection de 2006 lors de son intervention sur Antenne A à Kinshasa, et aussi ce qu’il avait fait lors de son meeting populaire sur la Grand-Place Moïse TSHOMBE à Lubumbashi où il avait prévenu le peuple Kongolais en donnant Deutéronome 17:14-15 qui déclare ceci: « …Tu mettras sur toi un roi que choisira l’Éternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger qui ne soit pas ton frère ».
20. Il a rappelé à la Communauté Internationale de faire comme elle avait fait pendant la deuxième Guerre-Mondiale en combattant l’occupation nazie, pour l’installation de la paix en RDC.
21. Il a surtout martelé sur l’imposture de Joseph Kabila Kabange comme un jumeau Lubakat. Or, la nomenclature particulière fait que ces deux noms, KYUNGU et KABANGE, ou MBUYU et KABANGE, ont prééminence sur le nom de famille. L’aîné s’appelle KYUNGU fils d’un tel, le cadet s’appelle KABANGE fils d’un tel. On n’a jamais ouï-dire chez les balukat pour les jumeaux que tel s’appellerait MUKALAY KABANGE et son frère aîné MUKALAY KYUNGU. Le nom de famille ne peut jamais avoir la primauté.Il y a tout lieu de croire que c’est dans la précipitation et par à coup que cette sordide machination a été concoctée.
22. Il a demandé aux officiers généraux et supérieurs de nos forces armées, d’arrêter immédiatement Mr Hyppolite KANAMBE pour mettre fin à cette imposture et infiltration au sommet de la nation.C’est cette dernière déclaration qui est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Nouvelle.cd