La nomination de Vital Kamerhe au poste de Vice-premier Ministre et Ministre de l’Économie dans le Gouvernement de la République démocratique du Congo a suscité une vague d’interrogations et de critiques. Cet ancien directeur de cabinet du Président Félix Tshisekedi, condamné dans l’affaire dite des « 100 jours », opère un retour spectaculaire sur la scène politique. Son parcours, marqué par des accusations de détournement de fonds, de corruption aggravée et de blanchiment d’argent, soulève des questions fondamentales sur l’impunité, la gabegie financière et les connivences au sommet de l’État.
Un parcours judiciaire semé d’embûches et d’acquittement
En 2020, Vital Kamerhe est arrêté et condamné à 20 ans des travaux forcés dans le cadre de l’affaire des « 100 jours ». Ce procès, perçu comme un test de la volonté du Président Tshisekedi de lutter contre la corruption, avait été présenté comme une « chasse aux sorcières » visant les détourneurs de deniers publics. Pourtant, en 2022, la justice congolaise blanchit l’intéressé en appel, réduisant sa peine à treize ans avant un acquittement final. Cette décision a permis à Kamerhe de retrouver la liberté et, aujourd’hui, de reprendre du service dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Une procédure judiciaire sous le signe du doute
La « verticalité » de ce procès, souvent évoquée par les observateurs, interroge. Les liens étroits entre Vital Kamerhe et le Président Tshisekedi, ainsi que les retournements de situation judiciaire, alimentent les spéculations sur une possible entente entre les deux hommes. Certains se demandent si ce procès n’a été qu’une mise en scène pour satisfaire l’opinion publique, avant un retour en grâce soigneusement orchestré.
Les promesses non tenues et l’argent disparu
Au cœur de l’affaire des « 100 jours », un projet censé doter la RDC de milliers de maisons préfabriquées. Or, à ce jour, aucune de ces habitations n’a vu le jour. Les fonds alloués à ce programme, estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars, semblent s’être évaporés. Les promesses du numéro un de l’UNC et de ses proches, dont Jamal, sont restées lettre morte. Cette absence de réalisations concrètes renforce les doutes sur une complicité au plus haut niveau et sur la perméabilité des institutions à la corruption.
L’échec de la lutte anti-corruption : un constat accablant
Le Président Tshisekedi avait fait de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption l’un des piliers de son mandat. La nomination de Kamerhe, ancien condamné pour des faits de corruption, sonne comme un aveu d’échec. Comment croire en une politique de transparence lorsque des figures controversées sont non seulement libres, mais aussi promues à des postes clés ? Cette situation illustre une forme d’impunité systémique qui mine la confiance des citoyens et décourage les partenaires internationaux.
Un pouvoir en quête de crédibilité
Le retour de Vital Kamerhe au Gouvernement est bien plus qu’un simple remaniement. C’est le symbole d’une gabegie financière persistante et d’une justice à deux vitesses. Si le Président Tshisekedi entend restaurer sa crédibilité et celle de son administration, il devra répondre aux interrogations légitimes sur cette nomination et prouver, par des actes, que la lutte contre la corruption n’est pas un vain mot. En attendant, l’affaire Kamerhe reste une ombre portée sur la démocratie congolaise.
Lionel Akwil
