L’intelligence économique, arme fatale pour le contrôle de l’économie Congolaise (Tribune de Evrard Nangho)

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Depuis que le PCT est revenu au pouvoir en 1997, les dirigeants de ce parti ne jurent que sur les étrangers. Cette vision obsolète et rétrograde dans la gestion des affaires de l’État est à l’origine de la mauvaise gestion dont les dirigeants de ce parti s’illustrent. Le summum de cette naïveté a été la mise en place d’un Ministre de la Coopération Internationale chargé du Partenariat Public privé dont la mission est noble mais qui n’est pas utilisée à bon escient.

Le Partenariat Public-Privé (PPP) est un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Au regard de ce qui suit, est-ce que le partenariat public privé est le miracle tant attendu par les Congolais pour se développer et se moderniser ? Loin de là, car aucun pays au monde ne s’est modernisé ou développé via les PPP et pire encore avec l’espionnage industriel ou l’intelligence économique, le Congo-Brazzaville court un grand danger dans la mesure où le pays ne dispose pas au sein de la CID un pôle sur l’intelligence économique.

Comme la capacité à collecter, analyser, valoriser, diffuser et protéger l’information économique stratégique, afin de renforcer la compétitivité d’un État ou d’une entreprise.

L’IE repose sur trois piliers, la veille stratégique (la recherche et l’analyse de l’information utile), la protection du patrimoine matériel et immatériel et l’influence.

L’Intelligence économique revêt une importance stratégique majeure. Celle-ci se trouve au cœur même des défis de compétitivité, auxquels doivent faire face les économies nationales. À ce titre, la connaissance de l’environnement géopolitique, économique, technique et législatif constitue un réel avantage concurrentiel, qu’il convient de valoriser et de protéger contre les risques d’intrusion, de manipulation et de pillage (Source Institut des hautes études de défense nationale IHEDN).

L’économie Congolaise est très vulnérable. Il est de la responsabilité de nos dirigeants de protéger au maximum notre patrimoine en mettant en place des stratégies économiques efficaces pour protéger au maximum les Congolais face à la menace extérieure.

L’économie Congolaise étant dépendante du pétrole à 80 %, ce secteur stratégique doit être protégé au maximum et former les dirigeants de la SNPC aux risques d’intrusion provenant de puissances ou d’intérêts extérieurs. Même si elles n’en ont pas toujours conscience, les entreprises détiennent de nombreuses informations possédant une valeur économique et stratégique qui composent leur capital immatériel (savoir-faire innovants, informations clients, données personnelles, etc.).

Dans un contexte concurrentiel mondialisé, avec des relations commerciales souvent complexes, ce capital immatériel permet à l’entreprise de se démarquer de la concurrence, de s’adapter aux besoins divers et évolutifs du marché.

Compte tenu de leur importance, ces informations sont exposées à de nombreuses menaces (diffusion d’éléments devant rester confidentiels, manipulation de contenus visant à porter atteinte à l’image de l’entreprise, captation illégale de données, usurpation d’identité, etc.) qui peuvent avoir de graves incidences sur la compétitivité de l’entreprise, voire sur sa survie. C’est pourquoi l’entreprise doit les sécuriser. Tout l’enjeu pour cette dernière est de réduire les risques à un niveau acceptable sans entraver son fonctionnement.

Avant de nouer n’importe quel partenariat public-privé avec n’importe quelle entreprise ou investisseur, les autorités Congolaises doivent s’assurer qu’en aucun cas cela pourra entraver la survie de l’État.

Aujourd’hui le Congo ne dispose pas de structure de sécurité économique et numérique, ce qui rend notre pays très vulnérable. La course effrénée des partenaires privés pour investir dans tous les secteurs économiques de notre pays nous expose à tous les dangers car celui qui tient l’économie, tient aussi la politique.

Le renseignement économique n’existe pas au Congo. Nos autorités ont foi à tous les investisseurs, c’est pour cela que beaucoup d’aventuriers viennent en masse dans notre pays, pas vraiment avec les intentions d’investir, mais de soutirer et de s’enrichir au détriment des nationaux.

Les autorités Congolaises ouvrent la porte à tous les chercheurs d’or du monde sans s’assurer et n’ayant aucune information capitale sur ces charlatans (le cas des escrocs canadiens du CHU-B, etc…).

L’espionnage industriel vise à entrer en possession des propriétés (physiques, intellectuelles, commerciales) d’une entreprise ou d’un État de manière illégale. C’est le cas du Rwanda aujourd’hui avec son magot de son fonds d’investissement représenté par Crystal Ventures, peut illégalement prendre possession du pan économique de notre pays.

In fine, la RDC vient comprendre l’importance de se doter d’un département de l’intelligence économique à l’heure de la mondialisation. L’Agence Nationale de Renseignements (ANR) de la République Démocratique du Congo s’est enrichie du Département d’Intelligence Économique et Financière (DIEF), pour l’investigation et le suivi des renseignements économiques, financiers, numériques et technologiques. Ceux-ci sont présentés comme essentiels à la sûreté de l’État, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le DIEF aura également pour mission de contrôler la gestion de l’utilisation des deniers publics, renforçant la surveillance des secteurs stratégiques pour la nation.

Le champ d’action du DIEF couvre la surveillance des secteurs stratégiques tels que l’énergie, les télécommunications, les nouvelles technologies de l’information et le cyberespace. Axé sur la protection de la sûreté de l’État, ce département sera également responsable de la surveillance et du contrôle des activités fiscales, parafiscales, bancaires et non bancaires. La surveillance de ceux-ci est parmi les grands défis du pays. (Source RFI).

Le Congo-Brazzaville ne doit pas attendre de subir les dégâts pour se réveiller, il est temps que nos autorités planchent sérieusement sur les questions d’espionnage économique. « La méfiance est la mère de la sûreté », Jean de la Fontaine. « Deux sûretés valent mieux qu’une », Jean de la Fontaine. Fait à Paris, le 17 août 2024.

Evrard NANGHO,

Président national du Modec

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