Dans son discours du mardi 11 décembre 2024, Fatshi a loué malencontreusement l’Inspection Générale des Finances (IGF) sur un dossier non négocié par eux, alors qu’ils ont fait perdre énormément d’argent à la république. Devons-nous le mettre sous le coup de l’ignorance ou de la mauvaise foi ? N’aurait-il pas été préférable qu’il prenne de bons renseignements auprès de ceux qui ont négocié et conclu la convention à laquelle il a fait allusion ?
Avant toute chose, je tiens à rappeler à mon corps défendant que le projet communément appelé « contrat chinois » est l’œuvre du président Joseph KABILA qui a entamé sa négociation en 2007 lors de sa première année d’exercice de pouvoir en tant que président de la république nouvellement élu. Il lui a fallu 1 an pour le conclure, dans un environnement international marqué par le programme PPTE qui concernait aussi la République Démocratique du Congo.
Il convient de préciser dès l’abord que dans les études de faisabilité qui fondent cette convention, la tonne métrique de cuivre se négociait entre 2 800 et 3 000 dollars. L’enveloppe globale étant de 6 milliards de dollars pour les infrastructures et 3,2 milliards pour le projet minier, une clause indiquait clairement qu’après le remboursement de la dette par la Sicomines, le projet minier reviendrait en totalité à l’Etat congolais, qui pourra apprécier de l’opportunité de garder son partenaire chinois sur de nouvelles bases d’actionnariat ou pas. La Sicomines regroupe en son sein l’Etat congolais via la Gécamines et le Groupement d’Entreprises Chinoises (GEC).
La répartition se présente de cette manière : 32% des parts sociales pour la partie congolaise, via la Gécamines contre 68% pour le Groupement d’Entreprises Chinoises (GEC).
Vu sous cet angle, il appert que la partie congolaise garde aussi le bénéfice de l’impôt sur le bénéfice brut, ce qui ne peut que renflouer davantage la caisse du trésor public. Ceci fait de cette convention une première Joint-Venture rentable que le pays n’a jamais connue depuis son indépendance jusqu’à ce jour. Les travaux d’infrastructures qui en découlent sont visibles à travers le pays.
Selon les termes de cette convention, le financement du premier pallier des travaux réalisés à la hauteur de 1 milliard de dollars devrait être intégralement remboursés en 2025, pour permettre au Gouvernement de mettre en place un nouveau plan de décaissement. Mais au lieu de cela, l’IGF a surpris tout le monde avec son fameux rapport du 15 février 2023, dans lequel elle s’est lancée dans des accusations sans fondement, tout en concluant à un besoin de renégociation qui dénature totalement la convention initiale. Le projet est désormais soumis au régime de droit commun, au même titre que TFM et les entreprises similaires.
Cette démarche irrationnelle initiée fait perdre énormément d’argent à l’Etat congolais et crée un monstre que l’on ne sait plus définir. Une véritable honte pour Fatshi de vanter une telle supercherie !
Tout d’abord, il n’y a eu aucune renégociation. La Gecamines conserve toujours 32% des parts sociales et le GEC 68%. Ensuite, au lieu de présenter un nouveau plan de financement en 2025 sur l’enveloppe de 6 milliards de dollars sur les infrastructures déjà conclue, l’IGF se lance dans une aventure qui projette ce projet sur 17 ans, pour obtenir à peine 1 milliard de dollars supplémentaires. Une perte énorme que les congolais doivent sanctionner. Enfin, le projet qui devrait revenir à la partie congolaise après le remboursement de 6 milliards de dollars se rallonge jusqu’à épuisement de cette échéance de 17 années négociées par l’IGF. Fatshi le sait-il ou l’a-t-il éludé dans son discours ?
Dans tous les cas, Fatshi n’a pas dit la vérité aux congolais.
Quant à l’IGF, peuvent-ils justifier la somme de 28 millions de dollars empochée en terme de jetons de présence pour un travail cure-dent ? Une énormité inqualifiable que l’on peut assimiler à l’abus du pouvoir adoubé de l’escroquerie.
Pourquoi l’IGF ne présente-t-elle pas le tableau de perte que peuvent regretter les congolais ? En plus de cela, comme indiqué précédemment, ils étendent le tableau de financement sur 17 ans, alors qu’il n’y avait qu’à présenter un nouveau plan à la Sicomines en 2025, après le remboursement de la dette de 1 milliard de dollars sur les travaux réalisés. Quel gâchis!
Par ailleurs, rappelons qu’au moment de leur renégociation, la tonne métrique de cuivre se négocie désormais à 8 milles dollars contre 3 milles usd lors des études de faisabilité de ladite convention. « Malgré-moi me revient à l’esprit cette pensée de Karl MARX : l’ignorance apportera encore beaucoup de maux à l’humanité ».
Un autre fait à relever est que cet avenant n°5 prive le Gouvernement l’occasion de bénéficier de l’endettement de la Sicomines et à partir de la commercialisation, elle le prive aussi des dividendes payées aux actionnaires.
Au moment où les calculs indiquent que la maturité du programme pouvait permettre de dégager un total annuel d’1 milliard de dollars pour les infrastructures sur fonds propres, l’IGF nous amène vers d’autres horions, en transformant cette convention en un projet de droit commun. Il est important de revenir aux fondamentaux.
Comme si sa bourde ne suffisait pas, l’IGF se félicite du financement de 324 millions de dollars par an, affectés aux infrastructures. La grande question est aujourd’hui de demander à ceux qui ont beaucoup parlé de présenter le tableau de financement de ce programme pour que le peuple sache quelles sont les dividendes, les charges, combien on commercialise…
Tout compte fait, on peut facilement établir que sur la durée de programme, l’avenant n°5 est une perte énorme pour le pays. Voilà pourquoi très objectivement, il faut chercher les bases du calcul de ces 324 millions de dollars entourés des conditions très déséquilibrées.
Avant de finir, relevons un autre fait. Les bluffeurs qui avaient décrié l’allocation justifiée par des frais des voyages et des experts lors des négociations et des études de faisabilité l’ont relevé à 1,2 million de dollars, alors que rien ne les justifient aujourd’hui. La phase des études a déjà été bouclée. Est-ce pas pour en mettre les poches ?
Aucun homme, disait Abraham LINOCOLN, n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge.
Tribune de Papy TAMBA,
Communicateur du FCC