Accord RDC-Rwanda : Christian Ilunga Mutombo en parle en six points essentiels

Publié le

L’accord de paix a été signé vendredi 27 juin 2025, sous l’égide de l’administration Trump à Washington, entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. L’objectif principal de cet accord est de pacifier la partie Est de la République Démocratique du Congo exposée depuis plus de deux décennies aux crimes de guerre.

Cet accord fait parler tant au niveau national qu’international, en cette période où la même contrée de la République Démocratique du Congo reste la cible de toutes les atrocités, notamment la guerre imposée par le Rwanda à travers ses supplétifs de l’AFC-M23, causant depuis lors des milliers de morts au sein de la population Congolaise des provinces du Nord et du Sud-Kivu.

Joignant sa voix à plusieurs autres personnalités qui ont pris langue à ce sujet, Christian Ilunga Mutombo n’a pas hésité, dans sa casquette patriotique, à résumer ledit accord en quelques points essentiels, question de donner plus de clarté aux intéressés.

Il en parle en effet en six points, lesquels ont été épinglés par cet homme d’affaires et politique Congolais. Christian Ilunga Mutombo souligne les forces et les faiblesses de cet acte diplomatique impactant, sans oublier les éléments qui marquent un espoir meilleur à la suite des signatures apposées par la République Démocratique du Congo et le Rwanda.

Ci-dessous, l’intégralité de son texte :

1. Un tournant diplomatique sous la médiation américaine :

– Coconstruit avec le soutien des États-Unis et du Qatar, le texte engage les deux pays à respecter la souveraineté, stopper les hostilités, désengager et désarmer les groupes armés non étatiques, et instaurer un mécanisme de coordination sécuritaire conjoint,

– Il formalisera le retrait des troupes rwandaises de l’Est de la RDC dans les 90 jours, avec une vérification prévue.

2. Mécanisme de sécurité et désarmement :

– Sous 30 jours, sera mis en place un dispositif commun de coordination sécuritaire incluant des échanges de renseignements (CONOPS),

– Il prévoit aussi le désarmement conditionnel et la possible réintégration des membres des groupes armés, même si certains redoutent une intégration inappropriée.

3. Retour des populations et accès humanitaire :

– L’accord facilite le retour volontaire et sécurisé des réfugiés et déplacés internes, ainsi que l’amélioration de l’accès humanitaire dans les zones affectées.

4. Intégration économique et mines stratégiques :

– Objectif : lancer un cadre régional de coopération économique et d’investissement dans les 90 jours,

– Les États‑Unis obtiennent une porte d’entrée renforcée dans les chaînes de valeur des minerais critiques (cobalt, lithium, or, cuivre, tantale), comme moyen stratégique pour rivaliser avec l’influence chinoise.

5. Conditions & limites du texte :

– L’accord ne comprend pas de participation directe des rebelles du M23, ce qui suscite des inquiétudes quant à son efficacité sur le terrain,

– Les experts soulignent le manque de mécanismes concrets de justice, reddition des comptes, et de suivis robustes, sans lesquels le texte pourrait avoir un effet limité.

6. Enjeux géopolitiques :

– Cet accord consolide l’image internationale de Trump comme « faiseur de paix » et traduit un engagement américain fort, en lien avec la reconfiguration mondiale des chaînes d’approvisionnement en minerais,

– Il s’inscrit dans le cadre plus large de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU (février 2025), qui exige le retrait immédiat des appuis rwandais au M23 et le désarmement des milices pro-rwandaises.

En résumé, l’accord signé à la Maison Blanche constitue une avancée diplomatique majeure. Il établit un cadre tripartite, notamment sécurité-économie-humanitaire, avec un important appui américain.

Cependant, son succès dépendra d’une mise en œuvre effective : retrait réel des troupes, désarmement crédible des rebelles, intégration acceptable des combattants, participation inclusive notamment du M23, et un suivi sérieux pour éviter que le contexte économique ne l’emporte sur le besoin de justice et de stabilité durable. Beaucoup reste à faire pour convertir les promesses en paix tangible sur le terrain.

Échéancier de mise en œuvre

Sous 30 jours (avant fin juillet 2025) :

– Création du mécanisme de coordination sécuritaire conjoint (appelé CONOPS) : composé d’officiers Rwandais, Congolais et de l’ONU ou de l’Union Africaine,

– Objectif : surveiller les mouvements de troupes et échanger des renseignements pour prévenir les violations.

Sous 60 jours :

– Début des opérations de désarmement et de démobilisation des groupes armés non étatiques (principalement le M23 et les FDLR),

– Lancement de négociations pour la réintégration de certains combattants dans la vie civile ou dans les forces nationales.Cela fait débat en RDC : certains redoutent une infiltration de rebelles dans l’armée (comme en 2009).

Sous 90 jours (d’ici fin septembre 2025) :

– Retrait complet des troupes rwandaises de la RDC, sous supervision internationale,

– Début du retour encadré des réfugiés Congolais et Rwandais dans leurs régions d’origine,

– Lancement du cadre économique régional, soutenu par les États-Unis et la Banque Mondiale,

– Projets d’infrastructures minières et logistiques,

– Zones économiques conjointes pour l’exploitation légale et partagée de minerais stratégiques (coltan, cobalt, lithium…).

Impacts potentiels

Sur la sécurité dans l’Est de la RDC

– Positif si appliqué : réduction des affrontements, retour d’une relative stabilité dans le Nord-Kivu.

Risques :

– Si le M23 n’est pas impliqué directement, il pourrait rejeter l’accord,

– Une « paix des élites » sans solutions locales peut échouer,

– Risque de manipulations du désarmement à des fins politiques ou militaires.

Sur le plan humanitaire

– Amélioration de l’accès pour les ONG dans les zones occupées,

– Conditions plus sûres pour le retour des déplacés internes (6 millions en RDC),

– Défis logistiques majeurs : reconstruction des zones détruites, confiance des populations traumatisées, réintégration des anciens combattants.

Sur l’économie régionale et mondiale

– Accès sécurisé aux minerais critiques pour les États-Unis,

– Une réponse directe à la domination chinoise en RDC,

– Potentiel de développement économique régional, mais risque de pillage si les garde

-fous sont faibles,

– Opportunité de faire de l’Est de la RDC une zone de prospérité partagée, mais seulement si les revenus sont bien redistribués.

En conclusion : cet accord pose des bases inédites pour une paix durable, en alliant sécurité, développement économique et diplomatie régionale. Mais tout dépendra de la volonté réelle des parties à désarmer les groupes armés, à respecter le calendrier, à intégrer les communautés locales, et à éviter que la paix ne serve uniquement les intérêts de grandes puissances ou des élites régionales.

Keren-Heliane Kambum

Derniers articles

Économie Numérique : Augustin Kibassa Maliba en Chine pour le forum sur la coopération économique et commerciale

Le Ministre congolais de l’Économie Numérique, Augustin Kibassa Maliba, est arrivé vendredi 7 novembre...

Mines : Louis Watum Kabamba suspend les activités de « Congo Dongfang Mining » pour non-respect des normes environnementales

Le Ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, poursuit sa politique visant à protéger les...

Culture : le ministère n’a engagé aucune démarche visant à remettre des fonds à l’artiste Fally Ipupa (Mise au point)

La Ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe, n'a engagé aucune démarche...

RDC : le prix d’une tonne de cuivre augmente de 10.914,75 USD à l’international

Selon les mercuriales du ministère du Commerce Extérieur consulté mercredi 5 novembre, le cuivre...

Le choix de la rédaction

Près de 40 milliards USD d’investissements réalisés en RDC grâce au secteur minier

Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a indiqué, mardi 4 novembre, que près...

Culture : le ministère n’a engagé aucune démarche visant à remettre des fonds à l’artiste Fally Ipupa (Mise au point)

La Ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe, n'a engagé aucune démarche...

145 territoires, couverture santé universelle et gratuité de l’enseignement : Tshisekedi fait le point au sommet social de Doha

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a recommandé, mardi 4 novembre 2025, à...